Motel 007 by Fleming Ian

Motel 007 by Fleming Ian

Auteur:Fleming,Ian [Fleming,Ian]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Espionnage
Éditeur: Alexandriz
Publié: 1962-01-23T23:00:00+00:00


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Quand je revins à moi, j’étais sous ma douche, dans mon bungalow. Je gisais toute nue sur le carrelage, les restes souillés et en lambeaux de mes belles affaires à côté de moi. Sluggsy, mâchonnant un cure-dent de bois, s’appuyait au mur, la main sur le robinet d’eau froide. Ses yeux étaient comme des fentes brillantes. Il ferma l’eau et je me mis tant bien que mal sur les genoux. Je savais que j’allais être malade. Je ne m’en souciais pas. J’étais un animal maté, pleurnichant, prêt à mourir. Je vomis.

Sluggsy se mit à rire. Il se pencha pour me tapoter le derrière.

— Vas-y, fifille. La première chose qu’on fait après une dérouillée, c’est de vomir. Tout le monde. Maintenant, nettoie-toi gentiment, mets une gentille robe propre et viens. Ces œufs vont être perdus, avec tes façons de t’enfuir comme ça. Mais pas d’entourloupes ! Je pense pas qu’t’aies l’estomac d’en faire encore. Je surveillerai la cabine de la porte de derrière. Et puis maintenant, ne t’en fais pas. Y a pas de sang. A peine quelques égratignures. Horreur a beaucoup de doigté avec les dames. Sûr que t’as d’la veine. C’est un gars qui a ses petites manies, mais s’il avait été vraiment fou, actuellement, on serait en train de creuser un trou pour te coller dedans. Faut remercier le Bon Dieu. A tout à l’heure.

J’entendis claquer la porte du bungalow. C’était le moment de m’occuper de moi. Il me fallut une demi-heure pour me redonner à peu près figure humaine ; à chaque instant, j’étais tentée de me laisser tomber sur mon lit et de donner libre cours à mes larmes jusqu’au moment où ces hommes reviendraient avec leurs revolvers et m’achèveraient. Mais la volonté de vivre me revint en faisant les gestes familiers qui consistaient à me coiffer et à obtenir de mon corps qui me faisait mal de partout, affaibli par le souvenir de douleurs autrement plus vives, qu’il fît ce que j’attendais de lui. Peu à peu, tout au fond de moi-même, commençait à poindre l’idée que le plus mauvais était peut-être passé. Sinon, pourquoi étais-je encore en vie ? Pour une raison quelconque ces hommes voulaient que je fusse là et non pas hors course. Sluggsy était si adroit avec son revolver qu’il aurait certainement pu me tuer au moment où je m’échappais. Ses balles étaient passées tout près de moi, mais n’était-ce pas seulement pour m’effrayer, pour m’obliger à m’arrêter ?

Je mis ma combinaison blanche de motocycliste. Dieu sait si elle était impersonnelle, et je mis mon argent dans une poche – à toute éventualité. Quelle éventualité ? Il n’y aurait plus de possibilités de m’échapper. Alors, endolorie et faible comme un petit chat malade, je me traînai jusque dans le hall.

Il était onze heures. La pluie n’avait pas repris ; de temps en temps la forêt était illuminée par un quartier de lune, caché, puis démasqué par des nuages qui se déplaçaient rapidement. Sluggsy se détachait sur la porte d’entrée, appuyé au chambranle, en train de mâchonner son éternel cure-dent.



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